Des idées de merde j’en ai eu, mais alors celle-là… 

Le Teide est un volcan à 3715 mètres d’altitude. La montagne la plus haute d’Espagne. Le Mordor de las bravas. Un incontournable quand tu viens à Tenerife, malheureusement. 

Oscar, mon ancien colloc de Barcelone, était de passage sur l’île pour un EVG. Ce con s’est dit qu’avant de se foutre en l’air pendant 48h, il allait se faire la grimpette du Volcan. Et forcement, il m’a convaincu. 

Pour grimper le Teide, tu as trois options :

  • Soit tu prends le pack Flemme et tu montes en téléphérique, histoire de faire les derniers 700m à pied et prendre ta photo pour Instagram.
  • Soit tu choisis le pack Kiffeur, et tu commences à grimper, de nuit, à 2300 mètres d’altitude.
  • Soit tu choisis le pack Suicide, et tu commences à grimper, en plein cagnard, à 2300 mètres d’altitude. 


Perso, avec Oscar, on est des kiffeurs. 

Donc on se dit qu’on va le grimper de nuit.

Oscar, c’est l’espagnol typique : en plus de te faire un vocal de 3 minutes pour te donner 1 seule et même petite information, sa fiabilité est comme mon andalouse rêvée qui viendrait un jour toquer à ma porte pour que je l’emmène sur une ile déserte : elle n’existe pas. 

Alors quand le mec me dit « T’inquiètes gros, là-haut il fait pas si froid. Bon, un peu plus frais qu’ici – il fait 25° – mais pas besoin d’affaires de ski non plus », tu sais qu’il va falloir double fact-checker.

Ainsi, connaissant le bonhomme, je demande à La Campeona, notre proprio qui a déjà fait l’ascension de nuit. Elle m’explique clairement que c’est similaire au Mordor en Sibérie, donc, en gros, il faut se couvrir et dire à tes proches que tu les aimes, au cas où.

J’envoie un texto à Mamoune et prépare mon sac en mettant tous mes pulls possibles. Oscar nous rejoint dans notre maison au bord de l’eau pour « dormir » un peu et partir vers minuit. 

00h30, on décampe avec Oscar pour aller chercher la voiture et récuperer une de ses potes dans un village pas loin. Le temps de monter à 2300m en caisse, et de passer de 25° a 0°, nous voila arrivés au départ, à Montaña Blanca, pour commencer l’ascension à 03h30. 

Les premiers 3km sont similaires à une randonnée pour retraités de Puerto de la Cruz, pas super compliquée. Il ne fait pas trop froid ; un pull, une doudoune et un manteau suffisent. Limite tu ouvres un peu le manteau.

Apres les 3 premiers km, finies les conneries. On commence à grimper en suivant un mini chemin de pierres, avec nos frontals. Le vent commence à s’inviter à la fête, et commence à nous mettre en PLS.
Là, on ne parle plus, on se focus à grimper, pierre par pierre. T’as même pas le paysage en cadeau, car il fait nuit. Tu te dis qu’Oscar est un salop, et qu’il y a encore quelques heures tu étais tranquilou au bord de la plage, en maillot de bain.

Au bout de 6km, on arrive dans un refuge, plein vent. On en profite pour manger un peu de chocolat et boire de l’eau. On fait genre on kiffe, mais c’est crevant. On demande une photo à un gars, qui en prend 3, en disant que c’est nickel. En voyant le résultat, je me dis que lui aussi est en PLS.

On repart, il ne reste plus que 3,5km. Plus on grimpe, plus on ressent la baisse d’oxygène. On n’est pas sur l’ascension de L’Everest non plus, mais un petit Sherpa chaud pour porter mon sac ne serait pas de refus. Les premières fractures du mental arrivent, on fait de plus en plus de pauses, mais on continue. 

On arrive en bas du sommet, il reste 700 mètres aussi abruptes que les herbes aromatiques de Rafa. Il faut avoir une autorisation spéciale pour monter ces derniers 700 mètres, histoire de limiter l’affluence des gros touristes et conserver les lieux. Oscar nous avait dégoté l’autorisation, et sur le moment je l’ai détesté pour ça.
Il doit être 6h30, il nous reste 1h pour arriver la haut et profiter du lever du soleil. J’essaye de motiver les troupes à base de « Come on guys, we almost did it » , mais je vois que mon leadership est proche du néant. La dernière partie s’éclaircit de plus en plus avec une odeur de souffre de plus en plus forte. C’est magnifique. 

Au final, on arrive à 3715 mètres d’altitudes, après 1500D+ d’ascension dans le froid et le vent. Là haut, c’est simple, t’enlèves tes gants pour prendre une photo, tu ne sens plus tes doigts. On fait deux trois selfies, on se crame une dourre devant la beauté du paysage et on redescend prendre le téléphérique (flemme de redescendre tout à pied, ça va le job est fait). 

Ce qui reste choquant est la découverte du Paysage, des coulées de laves et de la faune autour du volcan. C’est magnifique. En rentrant en voiture, la région du volcan m’a fait penser aux Cévennes : tu passes d’un paysage aride de pierres oranges, à une forêt de sapins, en moins de 30 secondes. Tu rajoutes à ça tes lunettes de soleil, du petit son dans la caisse, une garrot à la fenêtre et la pote d’Oscar qui a envie de dégueuler derrière, et t’es le roi du monde. 

Voila des photos, enjoy !

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Bisous les frérots <3

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