Voila une semaine que je suis arrivé à Puerto de la Cruz. J’avais envisagé de vous faire un premier bilan. Mais je ne pouvais pas passer à côté de ma rencontre d’hier. Vous ne méritez pas ça.

J’ai rencontré « un professionnel » comme on les appelle dans le milieu. Certains diront qu’il est passionné, d’autres diront que les retraités allemands de Puerto l’ont rendu fou.

Alors mes amis, le bilan ça sera pour demain.

Hier jeudi donc, je suis sorti du co-working, direction un bar au hasard pour écrire l’article du jour. Pas de sport prévu, c’est ma journée repos, alors je commande une petite caña qui ne mange pas de pain, histoire de me faire plaisir. C’est ça aussi le digital nomadisme les gars : des petits plaisirs au quotidien, pour se récompenser d’une journée sans amis.

Je reçois ma caña, j’allume une clopasse, j’ouvre mon ordi, je mets mes écouteurs, et voila un gars qui vient me tendre sa main.

Je lève ma tête et je reconnais vaguement un gars du co-working. On ne s’est jamais parlé, mais il a une tête qui se retient. En mode Dr. Brown dans Retour vers le futur. Mais en plus alcoolique. Beaucoup plus alcoolique. Il a la cinquantaine bien tapée et est déjà rouge (on dira que c’est à cause du soleil).

On se sert la main et il s’invite à ma table, en me disant qu’il doit partir dans 10 minutes. Pas de problème, je ferme mon ordinateur, et on commence à discuter.

30 minutes et 2 cañas plus tard, on commence à aborder le sujet de Puerto de la Cruz. Je lui dis qu’ici c’est compliqué de se faire des amis et de rencontrer de la chiquas. Ce à quoi il me répond :

– « Are you kidding ? There are a lot here hahaha »
– « Ah ouai ? Euh merde, Ah yes ? »
– « Yes! But I pay them because I don’t like to talk… »
– « OK frère, let me grab you another beer »

A partir de ce moment là, je savais que j’étais tombé sur un professionnel. Una pepita.

Il pouvait passer 20 minutes à m’expliquer son métier (il développe une IA pour lire des bouquins de mathématiques) mais changer du tout en tout pour m’assurer, dans un espagnol de touriste, que les clubs échangistes « Es perfecto! ».

J’apprends que le gars vit ici depuis 1 an et demi, et qu’il a probablement fait tous les strip club de la région. Tout en me soulignant qu’il n’aime pas trop les hookers colombiennes de la rue, même s’il a déjà testé of course.

Je voyais bien que mes histoires de Freelance en Growth ne l’intéressaient pas plus que ça. Alors je le laissais me parler, et surtout mimer sa passion. Plus les bières descendaient, plus ses mimes étaient expressifs. Un vrai jeu du Time’s Up, mais pour débutant. J’ai eu le droit à tout. Absolument tout les gars. Un vrai professionnel. A chaque geste, je le regardais attentivement avec les yeux plissés, tel un élève qui écoute son maitre avec le plus grand interêt.

Le professionnel 💥

Ce n’était pas tant l’alcool qui le rendait fou – il n’avait que quelques cañas dans le gosier. C’était vraiment ses histoires de fesses. Des étoiles dans les yeux. Pour le calmer un peu, je lui parle du co-working, et je lui demande s’il s’y sent bien. A raison, il m’explique que c’est un peu froid et qu’en principes les co-working servent à rencontrer du monde, à travailler « ensemble ». Je ne peux qu’acquiescer et j’en profite pour cracher sur le gars qui croit que la salle de réunion est son bureau.

Puis je lui demande naïvement ce qu’il aimerait avoir dans le co-working pour retrouver cet esprit de travail « communautaire ». Quel con…Pourquoi a t-il fallu que je lui demande ça ?

Bien évidemment, il me répond avec son sourire malicieux légendaire, que ce serait quand même plus sympa si des filles de joies pouvaient venir à longueur de journée pour… Et merde, il recommence ses mimes. Comment pouvais-je savoir que ma question innocente allait réveiller une nouvelle fois la bête ?

Apres 5 ou 6 cañas, il décide de rentrer et demande au barman de lui appeler un taxi. Ce à quoi le barman, ahuri, lui répond logiquement qu’ils ne font pas ça ici. Hahaha. Le professionnel s’est cru à New-York, c’est magnifique.

Je le quitte donc, non sans hâte de le revoir au co-working lundi prochain ! C’est certes un énorme porc, mais il est quand même sympa et, il ne fait de mal à personne.

Demain on fait le bilan sur la semaine passée à Puerto.

Je vous laisse sur un son qui annonce le weekend. Attention, c’est de la cochonnerie comme on n’en voit malheureusement plus trop.

Bisous <3