Oui bah, oui. Voilà. À un moment donné, on est dans un village de hippie, faut pas s’étonner. À BocaCangrejo, le yoga est le sport national, les graines de sésame est le plat typique, le troc est une monnaie aussi forte que le dollar, et pour le goûter, c’est tisane et LSD.
Qu’est ce que vous voulez que je vous dise ?
On n’a pas choisi BocaCangrejo avec la Jean Mich’, c’est Boca qui nous a choisi. Alors, quand Boca veut nous initier à l’un de ses rites, avec la JM on ne peut pas refuser. Ce serait irrespectueux. Et puis, va dire « non » à un Yes man. Ça ne colle pas.

Revenons sur le sujet et essayons de comprendre comment nous en sommes arrivés à tester le goûter du hippie.

De base avec JM, on n’est pas très drogue. Enfin, oui, on a peut-être quelques fois aromatisé nos pâtes avec l’herbe de Rafiki, mais c’était plus parce qu’on se faisait chier qu’autre chose.
Alors quand une villageoise nous a proposé de nous initier au LSD, on a dit oui par réflexe (et parce qu’on a 0 personnalité), mais on avait un peu peur. Et puis après, on a fait le calcul du nombre de vies qu’on avait en moyenne, et on s’est dit qu’il fallait y aller ALL IN ! (NDLR : d’après nos calculs, on en a qu’une seule en moyenne).

Le rdv est pris chez la villageoise, jeudi soir, pour recevoir un brief théorique. La pratique sera le lendemain.

Tels deux élèves de classes préparatoires, nous arrivons jeudi soir chez la villageoise, avec notre stylo et notre cahier pour prendre note de tous ses conseils. On apprend notamment qu’il faut se poser des règles avant de commencer, en mode « frère si tu vas aux chiottes, je te suis, à la vie à la mort », que l’effet peut durer de 5h à 06h, que ça ne sert à rien de boire autre chose que de l’eau, qu’il faut se laisser aller, et qu’il faut mieux se préparer à tupper pour le dîner plutôt que de cuisiner. Allez, c’est noté. La transaction du truc se fait et nous rentrons à la maison pour debriefer et poser nos règles.

Le lendemain, vers 16h, on prépare notre petit set-up sur la terrasse avec la JM. Tapis de Yoga (au cas où on rentre dans un délire Namaste), fauteuils et chaises, garrots et eau.
On sort le truc du frigo, on met dans notre main chacune de nos parts, on se regarde, on a peur, on tremble mais on ne se le dit pas, et on l’avale. Zé party.

Bon, première heure, on fait exactement tout le contraire de ce qu’on a noté la veille : on s’ouvre des bières, on se fait un petit apéro, on essaye de s’allonger sur le tapis pour « se laisser aller » mais on se fait chier donc on parle de conneries, et on ne se suit pas aux chiottes. Je me dis qu’au final, c’est vraiment un truc de Bobo cette merde, et que ça ne me fait rien.

15 minutes plus tard, les feuilles étaient devenues des têtes de méchants qui se foutaient de ma gueule.
Okkkkkkk ça vient je crois !
Là on commence à rentrer dans notre match. Balle au centre, monsieur l’arbitre c’est à vous.

JM se prend une envie d’arranger la terrasse comme si ce petit coin était à lui. Alors, il passe le balais impeccablement, tout en parlant dans sa barbe à base de « c’est n’importe quoi cette terrasse, une vraie porcherie ». En rangeant « sa » terrasse du coup, il tombe sur ce qu’il pense être un pot de peinture. Ça tombe bien, la terrasse avait besoin d’un petit coup de neuf ! Alors, à quatre pattes, il plonge ses doigts dans le pot de peinture (qui était en fait du verni transparent hein) et commence à « peindre » une partie de la terrasse. Vous l’auriez vu à l’œuvre, il n’y a rien qui allait. Mais il s’amusait, et ça je vais vous dire, c’est le principal !

Viens la tombée de la nuit, et arrive notre pauvre voisine qui rentrait chez elle et qui n’avait rien demandé à personne. En voyant notre désarroi (i.e nos sourires niais), elle comprend instantanément, et nous invite à rentrer chez elle pour continuer notre trip.

En entrant dans la maison, on s’y sent en sécurité avec JM. Ça faisait 3 semaines qu’on vivait dans un taudis, alors rentrer dans un appartement aussi propre et soigné nous a fait toute chose (une sorte de joie, intimité et assurance. Comme quand tu rentres chez mamoune, tu sais).
Du coup, pendant que notre voisine faisait ses bails, avec JM on s’est allongé dans son salon (la pauvre). Les fous rires s’alternaient avec des moments de silence pendant lesquels chacun de nous re-rentrait dans un nouveau délire. Perso j’avais l’impression que ma tête faisait symbiose avec le sol, c’était archi agréable !

Après moult délires de ce style, et parce qu’on ne voulait pas non plus trop déranger la voisine (on a passé 2h chez elle), on est descendu dans notre baraque pour se foutre dans une espèce de cave construite dans la roche, pour s’allonger et mettre des sons psychédéliques. J’avais l’impression que des millions d’insectes sortaient des cavités, mais étonnement ça m’apaisait. JM, lui, jouait avec des jeux pour gamine de 8 ans, et il était content.

Vers 22h30, on officialise la fin du trip avec des grosses pâtes bien bonnes, et on va se coucher.

Conclusion : c’est censé être une drogue qui te connecte avec la nature et avec toi même. JM s’est posé des questions sur lui-même (d’après son feed-back). Personnellement, j’ai eu des multiples connections avec les objets et sols des pièces, mais 0 question sur moi-même. C’est peut-être parce que je suis déjà foutu, qui sait.

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Bisous les bros <3

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